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photo d'escher à son bureau

L’Art est une activité destinée à toucher les sens et les émotions des humains par diverses activités créatrices, et depuis le vingtième siècle les artistes expriment généralement leurs sentiments poussés par des impulsions spontanées qu’ils ne peuvent ni ne veulent décrire, ou alors confusément. Il y a cependant des artistes qui expriment la beauté du monde d’une façon tout à fait cérébrale, en faisant appel à leur intelligence raisonnée et qui peuvent vous expliquer la logique de chaque détail de leurs œuvres, aussi étranges soient-elles. escher est de loin le plus célèbre de ceux-ci.
MAURITS CORNELIS ESCHER naquit à Leeuwarden, aux Pays-Bas, le 17 juin 1898. Sa jeunesse se passe sans histoire dans une famille où le père est ingénieur et où les frères suivent des études scientifiques. Sa scolarité est quelconque, pour ne pas dire médiocre : il redouble deux classes et échoue à son bac. La seule matière qui l’intéresse est le dessin, aussi quand il rentre en 1919 à l’École d’architecture et des arts décoratifs de Haarlem pour des études d’architecte que son père lui a conseillées, il a vite fait de changer d’orientation et de se consacrer à l’étude des arts graphiques. La technique de la gravure sur bois de fil avec sa dualité blanc/noir l’intéresse plus particulièrement et il n’a de cesse de perfectionner son art. Il termine ses études en 1922 et entreprend immédiatement de nombreux voyages : notamment en Espagne, où il est fasciné par les mosaïques de l’Alhambra de Grenade, et en Italie où les paysages l’inspirent tellement qu’il se fixe à Rome de 1923

Lithographie d'escher 8 Têtes

à 1935. Il s’y marie avec Jetta Umiker et aura deux garçons : George et Arthur. Il passe les beaux jours à faire de longues randonnées dans le sud du pays ou il dessine tout ce qui l’intéresse. L’hiver, il s’emploie , à partir de ses dessins, à exécuter des gravures sur bois de fil ou sur bois debout ainsi que des lithographies. Ses thèmes sont surtout la nature et l’architecture, mais de temps en temps, certaines œuvres commencent à traduire une recherche plus originale et personnelle tel Château en Espagne, La Tour de Babel ou Main tenant un miroir sphérique.
En 1935, le fascime se développant en Italie, il se fixe à Château d’Oex, en Suisse. L’année 1936le voit à nouveau partir pour un long voyage à bord d’un cargo qui longe les côtes d’Italie en direction de l’Espagne. Il retourne à l’Alhambra où, cette fois, il fait de nombreux croquis des mosaïques.

Lythographie d'escher Sphère

L’année suivante, il s’installe à Uccle, en Belgique où il aura encore un garçon : Jan. Privé des paysages de l’Italie du sud, le style d’escher va évoluer pour traduire de plus en plus son étonnement et son admiration devant la beauté et l’ordre du monde. Toujours avec un graphisme parfait et non sans humour, il va s’efforcer de représenter ses propres idées et ce seront d’abord les remplissages périodiques du plan par des motifs figuratifs qui seront son thème principal. S’inspirant des mosaïques mauresques, il cherche comment remplacer ces polygones par des formes plus familières commes des animaux ou des humains. Dans ce style de dessin, les contours ne délimitent pas seulement une figure comme habituellement mais deux à la fois. C’est là un challenge qui enthousiasme escher. De plus ces figures qui s’emboîtent et se répètent suggère une continuité à l’infini et cela le comble. Son demi-frère Beer, professeur de géologie à l’université de Leyde, lui révèle alors qu’il applique sans le savoir une « cristallographie de dimension deux » et lui fait découvrir les 17 groupes de symétrie dans le plan. Pour mieux maîtriser le sujet, escher va développer dans un cahier une « théorie de non-spécialiste » qu’il achèvera en 1942 et où seront représentés, entre autres, les divers types possibles de groupes de symétrie de couleur alors que ceux-ci ne figureront dans la littérature scientifique qu’en 1956. Les divisions régulières du plan resteront toute sa vie sa source d’inspiration la plus riche, selon ses propres dires. Ils seront à la base de ses premiers succès importants (Jour et Nuit, L’Air et l’Eau).

Dessin d'escher Lézards Xylogravure d'escher Jour et Nuit

En 1941, fuyant l’invasion allemande, il quitte la Belgique pour revenir dans son pays natal à Baarn. Ses thèmes favoris, en plus des pavages, seront désormais les évolutions cycliques, les réflexions, les inversions, les polyèdres, les illusions visuelles, le conflit plan/espace, les prspectives curieuses, ou bien encore les mondes impossibles ou l’approche de l’infini. Ce sont eux qui feront la gloire d’escher. Dans les années 40 il va devenir plus célèbre chez les scientifiques - qui reconnaissent chez lui des pensées analogues aux leurs, bien qu’il utilise un mode d’expression tout-à-fait différent - que dans le monde de l’art qui trouve ses compositions trop cérébrales. Puis dans les années cinquante il sera enfin découvert par le grand public. En 1951 des articles paraissent dans d’importantes revues américaines. 1954 verra le Stedelijk Museum d’Amsterdam organiser une importante exposition de ses œuvres à l’occasion du Congrès international de mathématiques. escher y fera la connaissance de nombreux scientifiques avec qui il restera en relation. En 1958 il publie Regelmatige vlakverdeling (Remplissage périodique d’un plan). 1959 voit le premier livre qui lui est consacré (Grafiek en tekeningen M. C. escher). En 1960 il donnera des conférences à des congrès de mathématiques ou de cristallographie en Angleterre et en Amérique. Le professeur MacGillavry lui consacre un ouvrage en 1965 (Symmetry Aspects of M. C. escher Périodic Drawings). On le voit partout, sur des pochettes de disques, sur des posters, tee-shirts, papiers d’embalage et en illustration sur de nombreux ouvrages scientifiques et populaires.br /> C’est la gloire pour escher qui restera très humble, ne changera rien à sa façon de vivre et dépensera une partie de sa fortune à aider les pauvres. Mais la maladie le guette depuis déjà plusieurs années et en 1969 il exécute sa dernière estampe : Serpents. C’est encore une approche de l’infini et esthétiquement ce sera la plus belle. Le 27 mars 1972, escher s’éteint. Il peut rejoindre l’infini, il a émerveillé le monde.

Lithographie d'escher Concave et Convexe Xylogravure d'escher Serpents nicolas logo